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Délicieuses Illusions - ou l'Eléphant Rose


L'autre jour je me retrouve dans la petite ville de Melle, du côté de Gand. En m'y promenant, je prends conscience que c'est là qu'est brassée la fameuse bière de l'éléphant rose, la Delirium Tremmens. Puis j'apperçois cette statue, et je me fige. Frissons. L'éléphant facétieux envoie d'un jet puissant son eau vers le bas. L'homme, assoiffé, boit goulûment l'eau qui lui est offerte. L'homme maigre, à moitié creux, faisant manifestement un effort surhumain pour supporter le poids du piédestal et de l'éléphant qui y siège, et qui ne reçoit que quelques gouttes chaotiques de l'abondance déversée du dessus.


Comme nous. Tant d'entre nous. Assoifés de sens, de plénitude, de vie vraie. Nous qui, faute de les trouver, nous abreuvons avec une dépense d'énergie toute guerrière à la source de désirs manufacturés, jetables et instantanément oubliés, au fond d'un placard ou d'un garage remisés. Nous qui nous tuons au travail pour en bon citoyen faire notre part, soutenir (et supporter) la Société Providence, grande Déesse Elephante sur son piédestal juchée.


Récemment dans mes accompagnements je prends conscience du pouvoir immense que nous déléguons par défaut, puisque nous le plaçons à l'extérieur de nous même. Cette puissance que l'on peut ressentir en présence d'une autre personne et que d'aucuns nomment désir. Même à cet endroit-là nous trouvons le moyen de la placer en dehors de nous. Nous faisons de l'autre le responsable, la cause et, pire, l'objet, de notre désir. Et nous avons cette habitude de vouloir immédiatement assouvir le désir qui est éveillé là. Homme assoiffé que nous sommes.


Et si, pourtant? Et si l'homme, tout assoiffé qu'il est, prenait le temps de s'asseoir, et, tranquillement, de se laisser asperger. De vraiment ressentir en lui cette soif inextinguible. De s'ouvrir à l'abondance de l'eau qui dégouline sur lui. De, peut-être, ressentir en écho l'eau qui coule à l'intérieur de lui. L'abondance d'eau qui est sienne de toute éternité.


Puissions-nous nous le rappeler. Nous sommes cette goutte d'eau assoiffée de retrouver son bain originel et qui, pourtant, existe de toute éternité au creux de l'océan.


Peut-être alors pourrons-nous cesser d'être obsédés par ces questions du recevoir et du donner, et nous reposer tranquillement dans l'être et rayonner :) ?

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